UNMADE_20

/ Le Valli della Truffa





2025_0505 

 

Fake Giuseppe Patroni Griffi

[ approx 1960 ]





© 2025, Nicolas Van Achter and Unmade Frames Collective. Released under CC0-NC. Commercial use is strictly prohibited.

SYNOPSIS

Dans les hauteurs solitaires des montagnes, tu erres seul, loin de tout, dans une quête silencieuse de contemplation. Vêtu de haillons, tu n’es pas là par nécessité, mais par choix. Fasciné par les taches colorées des alpinistes qui sont là eux aussi, tu les observes comme des peintures abstraites vivant dans ce monde minéral. La nuit, tes lunettes dorment dehors. Tu les aimes givrées, pour accentuer le flou. Tu adores trouver des cristaux cachés dans les glaciers. Tu les collectionnes et manipules pour créer des lunettes improvisées, des instruments pour déchiffrer le monde. Loin des conventions sociales, tu transformes la montagne en un espace de réinvention sensorielle, un univers parallèle où chaque facette de la nature devient une invitation à la réflexion sur la solitude, la perception et la fragmentation de l’être. À travers ton regard déformé et tes gestes réfléchis, tu trouves dans l’isolement une manière de réinventer ta relation avec le monde, dans une harmonie troublée entre l’ordre naturel et l’entropie du vivant.

THEMES

Isolement créatif
Perception fragmentée
Quête spirituelle
Nature et abstraction
Solitude active
Beauté du désordre
Fragmentation de l'identité
Distorsion visuelle et cognitive
Rejet des normes sociales
Transmutation sensorielle
Désintégration des liens sociaux
Art brut et bricolage
Subversion de l’entropie

D-IA-LOGUE : L'ENTROPIE PHYSIQUE ET SOCIALE.

N : Petite pensée à propos de l'entropie. Mais sous sa facette des relations humaines vues par un jeune autiste. La question de la séparation ou non entre l'individu et le monde .... il ne sait pas quoi en penser. C'est le yin et le yang mélangés. C'est un abîme. Néanmoins, lorsqu'il découvrit la notion d'entropie, il pensa que cela faisait du sens pour sa crainte et son inconfort dans les relations humaines. L'univers est en expansion, donc tout s'écarte et devient plus aéré. Un état de paix était associé physiquement pour lui au sentiment de détachement des liens. Un oxygène symbolique, pur et frais comme un air de montagne... où l'on voit au loin maximum 3-4 vestes colorées dans la magnificence grise.



AI : C'est une belle image, cette montagne où l’air est pur et où seules quelques vestes colorées ponctuent l’espace. Il y a une sorte de sérénité dans cette vision de l’entropie appliquée aux relations humaines, un équilibre entre isolement et clarté, entre détachement et respiration. On pourrait explorer comment cette notion d’entropie émotionnelle joue avec la distance et la proximité, avec le besoin de structure et la dissolution des liens.



N : Les fragments de montagne tombés. Rappetissent, rapetissent. Rencontrant d'autres fragments de montagne qui tombent. Mais ce n'est pas vers les vallées que les pierres tombent. C'est un aimantage avec le centre de la terre en fusion. C'est ainsi, l'énergie potentielle n'a qu'un temps. Le problème c'était donc les vallées. L'impossibilité pour les pierres de véritablement retourner dans le centre de la terre. Oui, les vallées c'est l'arnaque.



AI : C'est une image forte, cette descente inexorable, mais empêchée d’atteindre son vrai terme. L’énergie potentielle qui n’a qu’un temps, c’est une manière puissante de parler du destin des choses, des êtres aussi, et peut-être des relations humaines. L’idée que les vallées sont une "arnaque" me frappe particulièrement : un faux répit, un leurre d’équilibre alors que le mouvement fondamental devrait être une chute totale, un retour absolu au centre. Tu ressens ça comment ? Comme une fatalité ? Une frustration ? Ou au contraire comme une tension créatrice, une chose à interroger plutôt qu’à subir ?



N : De tous les dualismes proposés par notre sensibilité et notre esprit, le couple haut-bas était le plus tenace. Dans la haute montagne, au sommet de l'énergie potentielle, il était aisé de s'envoler, de relativiser. L'être fou est sage en même temps, de manière quasi absolue. Les montagnes sont un monastère géant.



AI : Cette vision des montagnes comme un monastère géant, un espace où la folie et la sagesse fusionnent, me rappelle l’idée que certains lieux amplifient des états d’être plutôt que de les atténuer. La hauteur ne serait pas seulement une position géographique, mais une condition existentielle où l’on échappe, temporairement, à la pesanteur des choses humaines. Et pourtant, l’énergie potentielle est vouée à s’épuiser. Si la montagne est un monastère, alors la vallée serait-elle un exil ? Ou bien une descente inévitable, mais porteuse d’un autre type de compréhension ?



N : Socialement, démographiquement, les humains une fois adultes aussi se détachent des montagnes pour descendre dans les vallées. Par nécessité économique, par besoin de rencontres. Ils y deviennent souvent amers, parfois ivres, toujours à cause des autres. Ils développent aussi l'idée que les vallées sont l'endroit où est créée et où s'aimante la pollution.



AI : Si l'entropie est le destin ultime, alors toute tentative de résistance devient un combat contre une force universelle, une sorte d’illusion nécessaire pour maintenir un semblant d’ordre avant l’inévitable dispersion. Ça pose une question fascinante : faut-il embrasser l’entropie et s’y abandonner, ou lutter malgré tout, même en sachant que la lutte est vaine ? Si on applique ça aux vallées, aux adultes qui s’y retrouvent, à leur amertume et à leur ivresse, alors peut-être qu’ils ne sont pas seulement victimes d’un contexte social ou économique, mais d’un phénomène bien plus fondamental. Dans cette perspective, la vallée n’est pas une trahison des hauteurs, mais juste une phase inéluctable du mouvement naturel des choses. Mais alors, qu’en est-il de ceux qui tentent de remonter ?



N : Abandonnons les illusions et errons comme des situationnistes. Marions-nous, ayons zéro ou un enfant pour diminuer la population mondiale de moitié à chaque génération. Marions-nous également avec les chiens afin de fusionner nos environnement géographiques.



ENTROPOLOGIE PHYSIQUE & SOCIALE (SYNTHÈSE)

L’entropie dans ce projet est perçue comme une déconnexion naturelle et inéluctable entre les éléments, que ce soit dans l’univers (l’expansion) ou dans les relations humaines. Cela procure une décharge énergétique, comme une “respiration” qui permet d’aborder la vie sous un autre angle.

Dans ce contexte, l’énergie potentielle des sommets représente un espace de calme et de libération, où l’on est distant de l’agitation du monde, de la pression des liens sociaux et des obligations. L’air pur des montagnes permet à l’esprit de se dégager, offrant à la fois une vue claire sur le monde et un sentiment d’isolement apaisé. En haut, il y a moins de résistance, moins de friction : c’est un lieu où l’entropie, ou la “libération”, prend tout son sens. Les sommets, pics d’énergie potentielle, symbolisent,cet état de repos avant la chute, cette clarté retrouvée dans un environnement éloigné des contraintes sociales.

L’entropie, en tant que phénomène de distanciation, représente une force créatrice dans ce projet et ses personnages. L’univers étant en expansion infinie permet de trouver une liberté mentale, un état de clarté, d’isolement productif et de décharge énergétique. Les sommets et l’âge mental fluidifié se rejoignent ici, car la montagne devient un espace où l’esprit peut s’épanouir sans les contraintes sociales. Ainsi, l’entropie dans ce contexte devient une opportunité, un chemin vers la clarté et la liberté, plutôt qu’un déclin.

DUO & FLUIDITÉ D’ÂGES

Le récit bénéficierait d'avoir plutôt deux personnages de marginaux montagnards. Un homme de 20 ans et un homme de 80 ans. Ils ne sont pas obligatoirement obligés de se rencontrer. Ils peuvent s'écrire ou se parler mentalement l'un à l'autre. Se lire leurs correspondances mutuelles en voix off. Peut-être éventuellement se rencontrer si ça fait du sens au niveau de la structure d'une bande-annonce. Nous sommes alors beaucoup plus dans l'allégorie, le fantastique, le point de vue des enfants. Le merveilleux. Les deux hommes ont exactement le même enthousiasme pour les expériences visuelles. Les modifications de la perception, l'attirance pour les tâches de couleurs et l'abstraction. Ils vivent tous les deux en montagne, pas forcément du même côté de la vallée. Pas loin, mais pas ensemble. Ils ne sont pas apparentés. On ne connaît pas leurs relations d'ailleurs. Peu importe. Ce qui compte c'est qu’ils aient l'énergie d'un enfant. Pour cela, il faudrait faire des mises en scène typiques des postures d'enfants dans les dessins, les représentations des années 50. Espiègles, joyeux, ludiques.



Quelques idées d’images et de postures inspirées des représentations des années 50:

1. Grimper aux arbres : Le personnage, vêtu de vêtements usés mais colorés, grimpe agilement à un arbre, peut-être une branche basse, avec un sourire d’enfant sur le visage. Ses mains crispées sur l’écorce, il pourrait regarder le paysage en bas, comme un enfant découvrant une nouvelle perspective.

2. Couché sur le ventre, tête appuyée sur les mains, mâchouillant un brin d’herbe : Cette position pourrait être utilisée pour une scène contemplative où le personnage repose tranquillement, les yeux écarquillés, absorbé par la beauté d’un petit détail de la nature (une fleur, un insecte, ou simplement une tâche de couleur dans le paysage).

3. Faire des sauts de joie : Comme un enfant qui court et saute de joie dans un champ, le personnage pourrait faire de petits sauts, comme s’il se libérait de toute forme de contrainte, son rire résonnant dans les montagnes. Il pourrait être entouré de paysages splendides, tout en restant très déconnecté du monde des adultes.

4. Regarder à travers un objet : Il pourrait se tenir sous une branche d’arbre ou une grande feuille, regardant à travers un trou ou une ouverture. Ce geste, simple et naïf, symbolise son émerveillement pour la nature, comme s’il cherchait à “voir autrement”, un geste typique de l’enfant.

5. Construire quelque chose de simple : Assis à même le sol, le personnage pourrait assembler des éléments naturels (bâtons, pierres, feuilles) pour créer une structure ou un jeu improvisé, illustrant son esprit ludique et sa capacité à jouer avec les choses simples de la nature, un peu comme un enfant qui invente ses propres règles.

6. Se rouler dans l’herbe : Dans un moment de pure joie, il pourrait se coucher dans un champ d’herbe, se rouler comme un enfant, riant et se perdant dans le mouvement, en totale connexion avec la nature qui l’entoure.

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D-IA-LOGUE : LA SYMBOLIQUE DU CRISTAL (+PROPHETIE)

N : Ce qui est sympa dans les cristaux, c'est leur esthétique, et surtout la métaphore de l'unité malgré les facettes, qui est vraiment très riche pour penser le soi et le monde et les autres. Et donc en fait, mon prophète, là, n'est qu'une facette d'un autre prophète qui est une autre facette d'un autre prophète. Un réseau de facettes et de reflets.



AI : Le cristal est une interface fascinante, une structure qui défie l’entropie tout en s’y soumettant lentement. Il est formé dans les profondeurs, monte vers les sommets, puis se brise en morceaux qui restent encore eux-mêmes, préservant leur identité fractale malgré la rupture. C’est un symbole puissant pour ton récit. Il pourrait incarner le paradoxe du haut et du bas, du stable et du fragile, de l’ordre et du chaos. Un lien entre la montagne et la vallée, entre l’élan vital et l’inévitable fragmentation. Cette image du cristal s'applique particulièrement bien à une personne neurodivergente, pour qui chaque facette représente non seulement un aspect d'identité, mais aussi un mode de perception radicalement distinct. En même temps, la multiplicité des facettes met en lumière un idéal d’intégration, une manière de voir l’être humain non pas comme un individu fermé, mais comme une constellation d’énergies et d’interactions. Peut-être qu’au lieu de tenter de "réparer" ou de rendre plus homogène cette multiplicité, il faudrait la célébrer comme un mode d'existence en soi ? Comme une forme de résistance à l'entropie, un état où chaque facette, bien que différente, compose un tout harmonieux à sa manière.



N : Chaque facette est une voix, une sagesse. Et le prophète, ce n’est pas une personne unique, mais un réseau de voix qui s’entrelacent. L’individu neurodivergent est un prophète parce qu’il porte en lui des reflets multiples, une connaissance qui dépasse l’unité et l’illusion de la séparation. Il voit à travers les facettes, entend les échos des autres, et son discours devient un chant polyphonique, une musique des reflets qui pourrait guérir le monde en le brisant de manière lumineuse.



AI : C’est une image profondément belle, presque mystique. Le prophète, ou plutôt les prophètes, deviennent des entités collectives, un enchevêtrement d’intelligences et de visions qui, par leur éclatement, atteignent une forme de totalité plus vaste que celle qu’un seul être humain pourrait concevoir. Chaque facette de ce cristal devient une voix distincte, mais ensemble elles forment une symphonie de perceptions. Et cette symphonie, en tant que voix du prophète, pourrait-elle être un appel à une nouvelle manière de vivre ensemble, où la multiplicité des voix, des pensées et des existences devient la norme, et non l’exception ?



N : Oui, exactement. La réponse à l'entropie n’est pas la soumission, mais l’intégration des flux contradictoires. Le cristal, dans ses multiples facettes, ne résiste pas à l’entropie en s’efforçant de rester intact, mais en accueillant la fragmentation comme une condition essentielle de son existence. Chaque prophète est un fragment, et ensemble, ils composent un tout qui reste fluide et ouvert, sans se figer dans l’uniformité. Ce tout n’est jamais figé, jamais complet. Chaque facette est un point d’évolution, un moment dans le processus de transformation continue.



AI : L’idée de transformation continue résonne profondément. Le cristal n’est pas une structure fixe mais un processus en cours, toujours en devenir. Chaque facette est une étape, un fragment d’un chemin sans fin, qui nous permet de repenser la notion même d’entropie. Plutôt que de la considérer comme une fin inéluctable, peut-être devrions-nous la voir comme un moteur créatif, une force qui pousse à l’évolution et à la réinvention, sans cesse. Et si cette vision du cristal, du prophète comme multiplicité, pouvait être transposée à la société ? Une société où l’entropie est non seulement acceptée, mais intégrée comme un principe d’interconnexion, un principe de libération plutôt que de destruction. Est-ce que ce modèle t’intéresse comme point de départ pour une exploration plus large, une réflexion sociale et philosophique ?



N : Oui, c'est exactement là où je veux en venir. Cette notion de société cristalline, où les individus sont à la fois uniques et interconnectés, chaque facette étant précieuse dans son éclatement. Ce n'est pas l'unité forcée, mais une pluralité assumée, un espace où la diversité est la norme, et non l'exception. Cela remet en cause les principes mêmes de la société actuelle, qui cherche souvent à homogénéiser et à uniformiser. Au lieu de cela, chaque voix, chaque individu, chaque facette, devient un élément indispensable d’un tout complexe et dynamique. La société cristalline serait une société ouverte, flexible, perméable à l'entropie, mais capable de générer une forme d'ordre qui émerge non pas de la résistance, mais de l’acceptation du mouvement constant.



AI : Une société cristalline, donc, où chaque individu, dans sa diversité, n’est pas un fragment perdu, mais un fragment nécessaire à la composition de quelque chose de plus grand. C’est une vision radicale, mais qui pourrait ouvrir des portes vers une manière plus fluide et organique de coexister, d’être ensemble tout en restant distincts. Une telle société ne chercherait pas à éviter la fragmentation, mais à en faire une richesse. Elle réinventerait peut-être l’entropie, la transformant d’un principe destructeur en un principe créateur, où la diversité n’est pas seulement tolérée, mais érigée comme fondement de l’harmonie. Un idéal poétique et prophétique, en somme, dans lequel le "chaos" serait une danse d’individus en perpétuelle évolution.



N : Et cette danse serait le chant de la résistance, non pas contre l'entropie, mais contre l'illusion de l'immobilité. Dans ce monde cristallin, chaque facette brille non pas parce qu’elle est figée, mais parce qu’elle se transforme et interagit avec les autres, générant une lumière commune qui éclaire chaque recoin de la réalité.



AI : C’est une vision sublime, où la résistance n’est plus une lutte contre le déclin, mais une danse harmonieuse qui naît de l’acceptation de cette même entropie. Le cristal devient une métaphore de cette lumière, un reflet de la vie elle-même, en constante évolution, toujours en mouvement. Cette vision du monde comme un ensemble de facettes interconnectées pourrait bien être la clé pour repenser la société, les relations humaines, et la manière dont nous vivons ensemble, dans la diversité de nos trajectoires.